La princesse Maha Chakri Sirindhorn est née princesse Sirindhorn Debaratanasuda le 2 avril 1955 à 18h52 à la Villa Ambara du Palais Dusit (Bangkok). Ses parents, le roi Bhumibol et la reine Sirikit avaient déjà donné naissance à une fille en 1951, Ubol Ratana, ainsi qu'à un héritier Maha Vajiralongkorn en 1952. La famille s'est encore agrandie en 1957 avec la naissance de la princesse Chulabhorn.
A trois ans, elle entra au jardin d’enfants de l’Ecole Chitralada, créée par le roi Bhumibol pour ses enfants au Palais Dusit, où Sirindhorn a poursuivi ses études primaires et secondaires. Très jeune, elle accompagna ses parents lors de certains de leurs voyages à l’étranger. La première fois fut de juin 1960 à janvier 1961 pour un long voyage aux Etats-Unis puis en Europe.
En 1972, elle est inscrite au sein de la Faculté des Arts de l’Université Chulalongkorn d’où elle est sortie en 1976 avec un baccalauréat universitaire ès lettres, obtenant par la même occasion la médaille d’or en histoire. Ensuite, elle a poursuivi de front deux programmes. Le premier, un Master of Arts en Épigraphie orientale en sanskrit et en cambodgien, elle l’obtint en 1978 à l’Université Silpakorn. Ce diplôme fut conclu par une thèse sur les inscriptions trouvées à Prasat Phnom Rung, un temple thaïlandais du Xe siècle situé à la frontière avec le Cambodge. Le second, obtenu en 1980, était un Master of Arts en Pali et Sanskrit, deux langues indo-européennes, à l’Université Chulalongkorn.
Parallèlement, la princesse Sirindhorn honorait déjà un certain nombre d’engagements. En 1973, elle a effectué un voyage en Malaisie à l’invitation de l’Etat de Kelantan et a représenté pour la première fois son père lors des funérailles du roi Gustave VI Adolphe de Suède. L’année précédente elle servit de guide à la princesse Anne à l’occasion de la visite de la reine Elisabeth II en Thaïlande. Certains de ces voyages ont été effectués avec sa sœur Chulabhorn comme en 1977 où elles furent invitées par le gouvernement israélien, suivi d’une visite en Iran à l’invitation de la princesse Farahnaz. Elles visitèrent la France en 1980 et, de passage au Royaume-Uni, elles furent conviées à assister au Trooping the Colour. Et en 1981, toutes deux étaient à Londres pour le mariage du prince de Galles.
Avec ses parents et sa sœur la princesse Chulabhorn (à droite) |
A l’occasion de son 50e anniversaire, le roi Bhumibol lui a conféré le 5 décembre 1977 un rang spécial, équivalent à celui de Princesse Royale. Elle devint alors Somdech Phra Debaratanarajasuda Chao Fa Maha Chakri Sirindhorn Rathasimagunakornpiyajat Sayamboromrajakumari. Ce titre est le penchant féminin de celui porté par son frère. Elle arrive d’ailleurs directement après lui dans l’ordre de préséance. En 1974, la Constitution fut amendée – le couple royal n’ayant qu’un seul fils – afin de donner la possibilité au Conseil Privé de Thaïlande de proposer une fille de Roi à la succession au trône en l’absence de descendance masculine. Un choix qui doit être accepté par l’Assemblée législative. Elle occupa donc théoriquement la seconde place dans la succession au trône jusqu’en 1978 et la naissance de sa nièce Bajrakitiyabha. Aujourd’hui, elle occupe virtuellement la cinquième place.
Depuis 1977, elle assume la vice-présidence exécutive et la présidence du comité exécutif de la Croix-Rouge thaïlandaise. A ce titre, elle fut à plusieurs reprises invitée à participer à la Conférence du Croissant-Rouge des pays de l’ASEAN ainsi qu’à la Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge en 1999 à Genève. Elle exerce la présidence exécutive de plusieurs fondations dont la Fondation Chaipattawa chargée des projets de développement et de conservation de la nature imaginés par son père, la Fondation Anandha Mahidol pour la promotion de l’enseignement supérieur ou encore la Fondation Roi Rama II qui défend la culture thaïlandaise. Elle préside par ailleurs la remise des Prix de la Fondation Prince Mahidol qui saluent d’éminentes contributions en faveur de la médecine et de la santé publique. En 1979, la Fondation Princesse Maha Chakri Sirindhorn a été créée afin de soutenir les jeunes étudiants défavorisés auquel a été associé un Charity Fund.
Dès 1980, elle commença une carrière académique en enseignant l’histoire et l’archéologie en tant que conférencière invitée à l’Académie Royale Militaire de Chulachomklao. Puis conférencière au sein du Département des Sciences sociales, elle devint professeur en 1986. Elle fut nommée l’année suivante directrice du Département d’Histoire nouvellement créé. Elle assuma également le rôle de conférencière dans d’autres institutions universitaires. Elle est aujourd’hui chargée des cours d’histoire de Thaïlande, des pays de l’Asie de l’est et du sud-est, des relations entre la Thaïlande avec ces pays ainsi que de l’histoire contemporaine mondiale.
De 1981 à 1987, elle plancha sur un doctorat en « Développement de l’Education » à l’Université Srinakharinwirat dont le sujet de la thèse portait sur le développement d’une technique innovante pour l’apprentissage du thaïlandais au lycée. Ses connaissances et aptitudes, elle a désiré les élargir au travers divers séminaires, cycles de conférences ou ateliers, comme le précise sa biographie officielle, dans des matières telles que la nutrition, l’informatique, la cartographie, la météorologie ou encore la photogrammétrie. Outre le cambodgien, le pali et le sanskrit, la princesse Sirindhorn parle couramment l’anglais, le français et le chinois. Encore aujourd’hui, elle poursuit sa connaissance de l’allemand et du latin.
Avec sa grand-mère paternelle |
En plus de sa formation académique, la princesse Sirindhorn a beaucoup appris des nombreuses visites de terrain qu’elle effectua avec ses parents. Avec eux, elle alla à la rencontre dans toutes les provinces de nombreux Thaïlandais dont le roi Bhumibol et la reine Sirikit écoutaient les doléances pour ensuite mettre sur pied des projets royaux pouvant répondre aux difficultés rencontrées. Par la suite, elle a continué à se rendre sur le terrain, mais en solitaire, continuellement munie d’un appareil photo et d’un carnet de notes. Celle qui est surnommée Phra Thep (« Princesse Ange »), servant désormais de secrétaire à son père âgé et malade, inspecte régulièrement les projets royaux ainsi que ceux qu’elle a elle-même initié dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’hygiène, de la gestion de l’eau, de l’agriculture et de l’industrie artisanale. Depuis les années 1990, des projets sont également développés à l’étranger : Laos, Myanmar, Cambodge, Vietnam, Chine et Mongolie.
Passionnée par l’archéologie, la princesse Sirindhorn s’est aussi engagée en faveur de la conservation du patrimoine. Membre fondatrice en 1978 de la Société historique thaïlandaise qu’elle patronne, elle a présidé le comité pour la restauration du Temple du Bouddha d’Emeraude et du Grand Palais de Bangkok de 1980 à 1983. Elle est également à l’initiative d’une politique d’acquisition au sein des musées et a encouragé les dons en montrant elle-même l’exemple et en cédant notamment des sculptures et des poteries chinoises de sa collection.
Détentrice de diverses distinctions que lui a accordé son père ainsi que de grades honorifiques au sein de l’armée royale, la princesse Sirindhorn a reçu plusieurs diplômes d’honneur et de Docteur Honoris Causa en Thaïlande, mais aussi aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Chine, en Inde, aux Philippines, en Corée du Sud et en Corée du Nord. Elle est membre d’honneur de la Société britannique géographique royale et de l’Ecole des études orientales et africaines de Londres. En 1991, elle a reçu le prestigieux Prix Ramon Magsaysay, considéré comme le Prix Nobel asiatique, dans la catégorie « service public ». L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) a reconnu à deux reprises ses mérites. Parmi les autres prix et distinctions qui lui ont été décernées, signalons le Prix Indira Gandhi pour la Paix, le Développement et le Désarmement pour l’année 2004. Après avoir accepté en 2003 d’être nommée Ambassadrice de bonne volonté du Programme alimentaire mondial (PAM) pour l’alimentation scolaire, elle accepta deux ans plus tard d’être Ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO pour la préservation du patrimoine culturel intangible et l’autonomisation des enfants issus de minorités, par le biais de l’éducation.
Celle dont on dit qu’elle est la préférée des enfants du roi Bhumibol est aussi la plus active de la famille. De nombreuses institutions en Thaïlande portent son nom, ainsi que des espèces de plantes et d’animaux, y compris un dinosaure du Crétacé découvert en 1994. Elle voyage également beaucoup et connaît très bien l’Europe. Elle fait d’ailleurs partie du conseil consultatif du Refugee Education Trust dont le siège se trouve à Genève et du sénat honoraire de la fondation qui organise annuellement la rencontre des lauréats des Nobels à Lindau en Allemage. Au fil des années, elle a noué des relations cordiales avec la plupart des représentants des familles royales européennes. Elle était très proche du roi Baudouin et de la reine Fabiola, déjà de bons amis de ses parents, à qui elle rendait visite presque à chaque fois qu’un voyage officiel la conduisait en Europe occidentale. Il était donc normal qu’elle assiste en 2014 aux funérailles de l’ancienne souveraine à qui elle avait rendu visite une quinzaine de fois.
La princesse Sirindhorn possède des décorations honorifiques provenant de pays tels que la Corée du Sud, l’Allemagne, le Népal, l’Espagne, le sultanat de Brunei, le Japon, la Suède, le Laos, le Danemark, le Royaume-Uni, Tonga, la Malaisie, l’Autriche, la Mongolie, les Pays-Bas ou le Pakistan. Des distinctions reçues à l’occasion de visites d’Etat en Thaïlande ou menées à l’étranger en compagnie de ses parents, mais également à l’occasion de déplacements officiels qu’elle effectua dans ces pays, notamment dans le cadre de projets de développement. Francophile comme son père, elle a été faite Commandeur de l’Ordre des Palmes académiques en 1989 pour son rôle dans le développement de relations académiques entre les deux pays.
Son rôle dans le développement des relations entre la Thaïlande et la Chine a été à plusieurs reprises reconnu. Elle était en 1981 le premier membre de la famille royale à visiter ce pays où elle s’est rendue depuis à plus de vingt reprises. La princesse Sirindhorn, qui s’adonne à l’écriture de poèmes et de nouvelles depuis l’âge de douze ans, a traduit plusieurs écrivains chinois en thaïlandais ainsi que certains poèmes des dynasties Tang et Song. En 2000, elle a reçu le Prix de l’Amitié culturelle et linguistique décerné par le Ministère chinois de l’Education. Cette distinction a été suivie en 2001 par le Prix littéraire international pour la Compréhension et l’Amitié attribué par le Fonds de la littérature chinoise de l’Association des Écrivains de Chine et elle a été nommée en 2004 « Messagère amicale du peuple » par l’Association du Peuple chinois pour l’amitié avec l’Etranger.
La princesse Sirindhorn, qui ne s’est pas mariée, est régulièrement citée pour succéder à son père le roi Bhumibol en raison des frasques et de la vie dissolue de son frère, le prince héritier Vajiralongkorn, qui vit la plupart du temps à Munich et qui serait sur le point de se marier pour la quatrième fois. Cette spéculation n’est pas nouvelle, elle date déjà de l’époque où le premier mariage de son frère bâtait de l’aile. Mais avec l’âge et la maladie du roi Bhumibol, la question de la succession, taboue en Thaïlande, est plus que jamais d’actualité, sur fond d’intrigues de Cour. La princesse Sirindhorn semble être la candidate des élites traditionnelles. Mais celles-ci auraient cependant des difficultés juridiques à passer outre la succession au trône telle qu’elle est prévue dans la Constitution...
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